Laurent Destailleur, vice-président de l’association Dolibarr France et chef de projet de cet ERP/CRM nous a accordé un peu de son temps pour nous donner toute l’information utile sur ce logiciel de gestion d’entreprise libre !
Propos recueillis par Aurélie FONTA
Bonjour Laurent,
Vous êtes chef de projet Dolibarr et fondateur, vice-président de l’association Dolibarr, comment l’aventure de ce logiciel de gestion d’entreprise a-t-elle commencée ?
Avant tout il faut dissocier mon rôle de chef de projet de celui de vice-président. Le premier est au service des évolutions stratégiques et techniques de Dolibarr. L’association, elle, a le rôle de promouvoir et communiquer sur le logiciel.
Quant à l’histoire, Dolibarr est né en avril 2002, 15 ans déjà !
Son développement a été initié par Rodolphe Quiédeville puis Jean-Louis Bergamo, notamment sur un module de gestion d’adhérents. En 2003 c’est l’année d’une victoire aux trophées du libre dans la catégorie “Gestion entreprise”, c’est aussi l’année où je les ai rejoint. 5 ans plus tard, Rodolphe m’a laissé la main et j’ai pris alors le rôle de chef de projet. L’association n’existait pas, mais la solution se structurait et prenait l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui, alors j’ai participé à la création de la structure avec 5 autres membres fondateurs.
Justement, parlons d’ampleur, connaissez-vous le nombre d’utilisateurs de Dolibarr aujourd’hui ?
C’est une donnée très difficile à avoir puisque c’est un logiciel libre et que le site officiel de Dolibarr n’est donc pas le seul moyen de l’obtenir. La seule information que nous avons c’est que il y a près de 5000 téléchargements par semaine à partir du site officiel.
Dolibarr évolue et prend de plus en plus de place dans la jungle des logiciels de gestion, et ce même face aux grandes solutions propriétaires que nous connaissons comme EBP, SAGE…ect… comment expliquez-vous un tel succès ?
L’explication est vite trouvée ! Dolibarr est un logiciel où la richesse fonctionnelle est alliée à sa simplicité. Son évolution est régulière, maintenue, stabilisée, et elle suit le cours des technologies.
Les questions de la pérennité, de la sécurité et de la fiabilité nous sont souvent posées, comment répondez-vous à ces inquiétudes ? Quelles sont les forces et les faiblesses de Dolibarr ?
Les forces principales nous venons d’en parler. Quant à la question de la pérennité, Dolibarr est développé en Open Source, il n’y a donc aucun risque de fermeture de la structure qui développe la solution puisque c’est toute une communauté qui fait évoluer et qui peut reprendre la solution à tout moment. Un logiciel propriétaire (dont le code source n’est donc pas accessible) est plus facilement vulnérable car le mécanisme est simple : si l’entreprise qui l’a développé ferme ou est rachetée… la solution souvent disparaît. Dans l’Open Source nous n’avons pas cette problématique. Les exemples sont nombreux sur ce point. La fiabilité, elle, se base sur la même logique. Nous avons aujourd’hui une centaine de développeurs dans le monde qui travaillent régulièrement sur les évolutions et les failles qui sont remontées. Les réponses y sont donc rapidement trouvées et les solutions aussitôt apportées. C’est là toute la force du Libre !
Vous parlez d’une communauté d’une centaine de développeurs, qui travaille sur Dolibarr en réalité ?
La vérité c’est que la communauté ne s’arrête pas à la centaine de développeurs que nous recensons (105 exactement en 2016 !) Depuis la création ce sont 500 développeurs qui ont travaillé régulièrement ou ponctuellement sur le logiciel, mais ce sont aussi des traducteurs, des testeurs, des personnes qui travaillent sur la recherche, le développement et les évolutions possibles.… Nous connaissons les principaux mais encore une fois c’est une communauté tout entière qui porte le projet.
Les mises à jour, les montées de version sont nécessaires pour que le logiciel se maintienne dans le temps, combien y’a-en-t-il par an ? Comment les utilisateurs peuvent-ils en être informés ?
Depuis le début nous avons 2 montées de versions par an, au 1er et 3ème trimestre en général. Les canaux d’information sont nombreux, le site, les mailing listes, nos réseaux sociaux…. Dans la partie “administration” du logiciel lui-même vous pouvez aussi avoir l’information.
Lors des événements gratuits de présentation du logiciel que nous réalisons avec Aplose, il nous est régulièrement demandé de quoi vit Dolibarr ? Comment la communauté qui fait évoluer la solution se rémunère-t-elle ? Libre et philanthropie serait-il étroitement lié ?
La philanthropie a été le moteur du Libre oui ! Cependant, ne nous voilons pas la face, le côté “intérêt économique” évolue et prend des parts sur la philanthropie…mais l’association reste en dehors de tout cela. La grande majorité des acteurs transversaux, eux, se rémunèrent sur les développements spécifiques, les services d’intégration, de formation et de conseils. Dolibarr permet à des modèles économiques d’exister alors tout le monde est gagnant !
Pour répondre à la diversité des besoins , Dolibarr a mis en place Dolistore, la plateforme en ligne de modules complémentaires. Combien y sont proposés aujourd’hui ? Y’a-t-il une modération particulière pour pour pouvoir ajouter un module dans Dolistore ?
On dénombre environ 400 modules dans Dolistore à fin 2016, certains sont gratuits et d’autres payants. Nous n’avons pas notre mot à dire sur le tarif et nous ne souhaitons pas l’avoir. Seul l’auteur du module décide de son tarif. La seule modération que nous effectuons est sur le contrôle des normes de développement des solutions proposées et sur les retours utilisateurs que nous avons. En revanche nous avons une politique axée sur le protection des acheteurs, aussi, si une solution payante ne correspond pas aux attentes ou si elle ne fonctionne pas, l’association rembourse l’acheteur.
Pour revenir sur la question de la fiabilité, comment être sûr qu’un module n’est pas proposé avec un code contenant un virus ou développé par une personne malveillante ?
En 15 ans cela n’est jamais arrivé. Mais nous réfléchissons aujourd’hui à l’intégration de contrôles supplémentaires (passage d’anti-virus, analyse interne de code, …)
Vous avez dernièrement communiqué sur la mise aux normes de Dolibarr face aux exigences de la loi finance, pouvez-vous nous en dire un mot ?
Avant toute chose il faut comprendre les 2 contours de la loi : La norme NF525 et la conformité.
La norme NF525 est une norme qui existe de longue date mais ne concerne que les logiciels servant à produire le bilan comptable officiel. Dolibarr offre de la comptabilité mais ne remplace pas un logiciel comptable pour la production du bilan définif (même si le logiciel peut fournir l’information). Nous ne sommes donc pas concerné par ce point. La loi finances 2016, article 88, par contre, impose à tous les commerçants, “assujettis à la TVA” (et seulement ces derniers) ET qui sont équipés d’un logiciel qui enregistre les encaissements d’utiliser un logiciel dans un cadre “conforme” à la loi finance 2016, et ce dès le 1er janvier 2018.
Cette conformité peut s’obtenir de 2 manières différentes (une seule des 2 solutions suffit) soit par l’utilisation d’une version “certifiée” du logiciel soit par obtention d’une attestation de conformité décernée par une société Tiers.
Vous pouvez retrouver sur notre Wiki, les éléments de conformité mais pour faire simple et court : il ne sera plus possible d’utiliser des logiciels tableurs comme Excel, Google Apps ou autre solution développée soi-même pour tracer ses encaissements. Des logiciels comme Dolibarr ERP CRM deviennent obligatoires. (s’ils sont conformes bien sûr !)
Nous travaillons donc aujourd’hui sur les éléments de conformité de Dolibarr. Nous devrions sortir une version répondant aux exigences de la loi courant 2018.
Petite curiosité maintenant : outre les évolutions dont nous venons de parlé, sur quoi la communauté travaille-t-elle pour demain ?
Notre objectif est de rendre encore plus fonctionnel Dolibarr tout en sauvegardant sa simplicité. L’idée d’un logiciel tout-en-un est dans les tablettes afin de proposer aux utilisateurs une solution centralisant à la fois leur ERP/CRM, leur site Web, leur application…C’est une attente donc une nécessité de prendre ce virage.
Enfin, dernière question Laurent, si vous deviez convaincre un entrepreneur sur le choix de Dolibarr, quels seraient vos principaux arguments ?
Les ERP/CRM sont souvent vus comme des usines à gaz, Dolibarr est aux antipodes de cela. On le télécharge, on l’installe et ça répond aux besoins. Un rapport qualité/prix inégalé.
et …. Ça marche ! (Point) 🙂
Nous remercions Laurent Destailleur (Pessacais aujourd’hui) de nous avoir donné de son temps. Le plaisir et la qualité des échanges sont toujours les mêmes à chaque rencontre.
Merci Laurent !
Ping Encore un exercice d’interview mené cette fois pour Aplose ! – Read'action
Sympa l’interview ! Forme et contenu !
Une recommandation supplémentaire s’il en fallait ! Mon Copain Fabrice Deydier, ingénieur Arts et Métiers tombé dans l’informatique … boss et créateur de Planning Médical .com utilise Dolibar à titre perso et pro comme CRM / ERP et il en est content ! That’s all !
Donc je vais faire comme lui !